À Olmi-Cappella, soutien massif à Frédéric Mariani

De très nombreux maires, élus de toute la microrégion et habitants du Giussani ont répondu présent ce matin à 10h30 à l'appel de l'Association des Maires de Haute-Corse présidée par Pierre-Ange Vivoni, maire de Sisco.
Ce rassemblement de soutien était pour le maire d'Olmi-Cappella, Frédéric Mariani, victimes de vol, dégradations, actes de vandalisme sur sa commune qu'il gère depuis maintenant plus de 22 ans.
« La commune d'Olmi-Cappella, comme bien d'autres, est confrontée à un problème récurrent de divagation d'animaux, principalement des bovins.
Nous avons décidé de créer un parc de rétention au cœur du village pour y retenir les bovins en liberté. Celui-ci a été créé au mois de mai et, j'ai eu l'opportunité il y a quelques jours d'enfermer 12 bovins, certains bouclés et donc identifiables et d'autres non. Un ou deux éleveurs sont venus pour dire que c'était leurs bêtes et qu'ils allaient très rapidement les récupérer. Il n'y avait donc pas de problème.
Dans l'après-midi j'ai pu constater le vol d'un portail et que les bovins avaient été volontairement relâchés. Rapidement, j'ai identifié l'auteur du vol du portail et je lui ai demandé de le ramener, ce qu'il a fait le mardi matin à 6 heures. Je lui ai dit ma façon de penser. Il a présenté ses plates excuses et s'est engagé à enlever les bovins dans l'agglomération dans les trois jours.
Quelques jours plus tard, j'ai dû une nouvelle fois enfermer quelques bovins. Dans l'après-midi, je suis allé sur place pour identifier les bovins et là, j'ai vu un individu qui relachait les bêtes. Je l'ai interpellé. Ce Monsieur, dans un esprit belliqueux m'a fait comprendre que c'était une pratique et qu'il fallait que j'arrête ça, sous-entendu des menaces à peine masquées, me regardant fixement dans les yeux et me disant que j'étais fou. Clairement, c'était une intimidation assortie de menaces. L'attitude belliqueuse était sans équivoque. À partir de là, j'ai déposé plainte pour vol de portail, acte de vandalisme et dégradations ainsi que pour divagation de bovins sur la commune. La personne qui a relâché ces vaches n'a rien à voir avec notre microrégion et n'a rien à voir avec le milieu agricole. Avec prétentions et à deux reprises, le mardi et le jeudi, cette personne clairement identifiée, s'est permise de relâcher les bovins dans l'agglomération, faisant courir des risques à la population et aux personnes qui fréquentent notre microrégion » explique Frédéric Mariani.
Pierre-Ange Vivoni, maire de Sisco, Président de l'association des maires de Haute-Corse, lui-même victime de menaces, sur des thèmes différents, rappelait qu'il était là avant tout pour apporter son soutien à Frédéric Mariani, dont il soulignait le courage.
« Bien évidemment il est tout à fait normal que je sois présent ce samedi à ce rassemblement de soutien à Frédéric Mariani.
Ce rassemblement a été décidé par son conseil municipal, les maires du Giussani, le président de la Communauté de Communes Lisula-Balagne. Nous avons aussi le soutien de l'association des maires de Corse du Sud. Tous les maires de Haute-Corse sont là et ça me fait chaud au cœur. Il y a aussi Madame le Présidente de l'Assemblée de Corse, « Nanette » Maupertuis, le Préfet de Haute-Corse, François Ravier et le sous-préfet de Calvi, Florent Farge.
Aujourd'hui, nous ne sommes pas ici pour renverser la table. Personnellement je suis plutôt pour que l'on s'assoit autour d'une table avec toutes les personnes concernées.
Ce problème de divagation d'animaux n'est malheureusement pas nouveau. Le 5 août 1898, dans un discours, Paul Giacobbi, avait déclaré en sa qualité de Président du Conseil Général de l'époque : « En Corse, nous avons deux fléaux : les incendies et la divagation des animaux et nous devons résoudre ces problèmes là. Plus d'un siècle après, nous n'avons rien résolu.
Aujourd'hui, la volonté commune est de les résoudre, non pas les uns contre les autres mais avec les autres. Frédéric Mariani n'a fait qu'appliquer ce que nous avons mis en place, nous autre association des maires avec le Préfet de Haute-Corse » ajoutait le président des maires de Haute-Corse.
La foule rassemblée dans la cour de la Maison Battaglia se pressait pour écouter avec beaucoup d'attention les différents intervenants.
Le jeune maire de Pioggiola, Antone Casanova prononçait un discours qui aura marqué l'assistance. Il tenait tout d'abord à apporter son soutien fraternel à Frédéric Mariani, homme dévoué à sa commune, à ses administrés, au bien commun, à l'intérêt du plus grand nombre.
« Pour un pastoralisme qui s’intègre dans un cadre de développement intégré et responsable. Mettre en œuvre de manière concertée une politique agropastorale rénovée, alliant production, valorisation des productions fermières et préservation des milieux naturels »
Puis, il revenait sur le fond du problème.
« La vérité c’est que ce type d’élevage est la conséquence directe d’un système d’aides publiques mis en oeuvre par l’Union Européenne à travers sa Politique Agricole Commune.
En Corse ces aides compensatoires sont portées à leur paroxysme dans le but de capter des montants de primes en les déconnectant de la production.
Cette forme d’élevage détruit les milieux, déprécie l’image bienfaitrice d’une agriculture nourricière et renvoie à des stéréotypes qui nous caricaturent tous.
Je veux profiter de ce rassemblement pour dire mon soutien sans faille aux attitudes loyales et courageuses qui dénoncent les déviances d’un système parasitaire. Mais je veux aussi affirmer avec force mon désir, notre désir collectif, de voir se mettre en œuvre rapidement et de manière concertée une politique agropastorale rénovée, alliant production, valorisation des productions fermières et préservation des milieux naturels. Un pastoralisme qui s’intègre dans un cadre de développement intégré et responsable. Qui sache respecter la multifonctionnalité de l’agriculture. Ce principe de développement multifonctionnel et territorialisé est l’objectif prioritaire de la politique de développement rural financé par le 2ème pilier de la PAC. Malheureusement en Corse ces priorités sont remisées au profit d’intérêts personnels sans rapport avec l’intérêt général d’une profession, d’un territoire et d’une économie.
J’espère que cette altercation intolérable que nous dénonçons aujourd’hui, cette provocation imbécile qui révèle le sentiment d’invulnérabilité de certains, sera le facteur déclenchant d’une prise de conscience collective et partagée. Partagée par tous : citoyens, administrés, élus municipaux, élus communautaires, conseillers territoriaux, Présidente de l’assemblée de Corse, Président du conseil exécutif de Corse, afin que cesse définitivement l’existence de ce modèle économique qui encourage le désert, la non-production et les comportements déviants de tous ordres. Que nous lui substituons un modèle vertueux orienté sur des produits de qualité, des productions en adéquation avec nos besoins alimentaires de base. Des pratiques d’élevage respectueuses du bien-être animal et de son environnement naturel. Une véritable économie agricole en somme. Une agriculture qui représentera dignement nos communautés villageoises, notre patrimoine culturel, notre identité nationale ».
Et de conclure :
« Per compie, vogliu ringrazià e centinaie di personne chì sò quì oghje, per sustene u merre di a pieve, è sopra à tuttu per avè a vulintà di cambià e cose, perchè ghjè essendu mubilisati cume oghje chè no ghjunghjerremu un ghjornu à fà avanzà a Corsica ».
Lionel Mortini apportait à nouveau son soutien plein et entier à Frédéric Mariani et à tous les élus qui travaillent pour l'intérêt général, avant de revenir à son tour sur ce fléau qu'est la divagation d'animaux. Il invitait les élus à ne pas baisser les bras et à poursuivre le travail qui a déjà été accompli.
Autre intervention émouvante, celle de Maelyne Taddei, présidente de l'association « Cambia avà » qui, en novembre 2020 s'est faite agresser par un troupeau de vaches et taureaux en divagation sur les hauteurs de Bastia, et qui aujourd'hui en porte encore de lourdes séquelles.
Le décès de Claude Cesari décédé à l'âge de 59 ans après avoir percuté en scooter une vache à Altiani était également évoqué.
Paul Toussaint Parigi, Sénateur de Haute-Corse délivrait un message, celui du cœur, invitant à une prise de conscience et en demandant que tout soit mieux en œuvre pour éradiquer ce fléau, avant d'autres drâmes.
Une réunion programmée le 2 août à la Collectivité de Corse
« Nanette Maupertuis », présidente de l'assemblée de Corse excusait le Président Gilles Simeoni qui n'a pu se déplacer mais avec qui elle s'est entretenue sur le sujet. Elle saluait le travail effectué sur ce problème de divagation d'animaux par la mandature précédente et par Lionel Mortini. « Un problème qui s'inscrit dans une historicité avérée. Au terme des discussions que nous avons eu ce matin, je vous annonce qu'il y aura une réunion sur le sujet. Celle-ci aura lieu le 2 août prochain en présence du Président de l'Exécutif Gilles Simeoni, le Président de L'ODARC, moi-même, les services et représentants de l'État, les Chambres, les Syndicats agricoles mais aussi les différentes associations, les deux associations des maires... Personnellement je ne pense pas que ce type de problème se règle devant les tribunaux ».
François Ravier, Préfet de Haute-Corse a tenu, au côté de Florent Farge Sous-Préfet de Calvi, à être présent pour apporter son soutien à Frédéric Mariani,
« Le maire d'Olmi-Cappella a été victime de pressions et de menaces. C'est intolérable et ça doit être condamné avec la plus grande fermeté.. Aujourd'hui on parle de divagation animale mais à combien d'autres pressions, d'autres menaces les maires sont exposés. Je le vois au quotidien, ces maires ont la volonté de développer leur territoire. Sur tous les sujets le maire est engagé ».
Très touché, dissimulant avec beaucoup de difficulté son émotion, Frédéric Mariani remerciait tous les élus, les maires, représentants de l'Exécutif, population et autres. Il réaffirmait enfin que plainte a bien été déposée et émettait le vœu que celle-ci ne soit pas classée sans suite.
Gilbert Guizol