Territoriales 2021 : 5 questions à Olivier Bianconi (Fà Nazione)

Pourquoi cet engagement au sein de la liste « Fà Nazione » menée par Jean-Guy Talamoni?
Je ne suis pas un militant politique mais je ne fais pas partie de ceux qui critiquent le système sans jamais prendre le risque de s'engager. Je suis depuis 25 ans au service de la Corse, dans les domaines de l'histoire, de la culture et agis pour le développement d'un tourisme durable. Mais aussi en tant que membre du Conseil de Développement du Pays de Balagne dont je fus un temps président, ou encore au sein du Conseil d'Administration de l'Office du Tourisme de Calvi. Mes convictions nationalistes sont anciennes et connues, et j'aime les challenges. J'ai été contacté par Jean Guy Talamoni et les élus de Corsica Libera afin de rejoindre la liste des candidats aux territoriales. Dans un contexte difficile où la division de nos forces déçoit les Corses, notre démarche est respectueuse des engagements d'union pris initialement, et porte un véritable projet de société pour notre peuple.
La Balagne est un exemple en termes de gestion des déchets, que préconisez-vous pour la Corse ?
En effet, nous pouvons nous enorgueillir de cette gestion et saluer le remarquable travail de Lionel Mortini que l'on retrouve en troisième position sur notre liste. Il faut poursuivre et étendre l'expérience à l'échelle régionale en rendant la démarche de tri et de collecte au porte à porte, la plus simple possible. Plus de 80% des déchets triés pourraient ainsi être revaloriser. Pour le reste, de petites unités à valorisation énergétique pourraient se substituer à la création d'un grand incinérateur. Le stockage et l'enfouissement ne peuvent pas être des solutions, pas plus que l'exportation de nos déchets.
À l'exemple de Figari, y a t-il une volonté politique de développer l'aéroport de Calvi-Balagne ?
L'aéroport de Calvi est en perte de vitesse. Avec des professionnels nous avons dénoncé cette situation en juin 2020, et avons été reçus par le Président de l'Exécutif sans que cela ne soit suivi de faits. C'est le seul de l'île à ne pas connaître de véritable croissance. Des intérêts politiques et économiques privés favorisent son échec. C'est une situation que l'on ne peut plus tolérer ! L'avenir du port de L'Ile Rousse pose également question. Il aurait dû bénéficier du report de trafic après la fermeture de celui de Calvi. Non seulement ce n'est pas le cas, mais au contraire il régresse ! Alors que le débat sur la création d'un nouveau port à Bastia est posé, nous devrions voir dans le développement de celui de Balagne, le plus proche du continent français, une formidable alternative à la réalisation d'un outil ne pouvant que servir un tourisme de masse dont nous ne voulons plus.
La Corse est une région marquée par la pauvreté, comment en sortir ?
La spéculation immobilière et foncière atteint des records, alors que le coût élevé de la vie se confronte à un salaire en dessous de la moyenne nationale. Nous devons lutter contre cette situation et faciliter l'accès au logement. Obtenir des prix revus à la baisse pour les transports et les carburants. Cependant le problème doit être traité en amont. Il faut diversifier notre économie avec audace en doublant l'investissement public en recherche et développement, et encourager l'émergence de nouvelles filières. Réformer l'industrie touristique pour un modèle durable, professionnaliser le secteur et en rallonger la période d'activité. Mettre en production les espaces stratégiques agricoles afin de viser l'indépendance alimentaire. La pauvreté qui frappe notre île est économique mais aussi philosophique. Education et instruction doivent être les piliers fondamentaux de notre ambition.
Si vous êtes élu, quel serait le premier dossier que vous défendriez à l'Assemblée?
Dans un contexte de crise sanitaire et économique aggravé par la spéculation que nous subissons l'urgence est au social, et Jean Guy Talamoni en tant que Président de l'Assemblée de Corse en avait fait un point d'orgue. Il nous semble indispensable également d'assurer la maîtrise publique de l'eau et des déchets, et de poser les fondations d'une indépendance énergétique durable pour l'horizon 2040. Plus près de nous, l'ouverture d'un Centre Hospitalier Universitaire permettra d'accéder à la maîtrise par la Corse des politiques de Santé Publique.
Propos recueillis par François Colombani